De l’un et l’autre

« Prenons un anneau en or. Il a un trou et ce trou est tout aussi essentiel à l’anneau que l’or : sans l’or, le « trou » (qui n’existerait d’ailleurs pas) ne serait pas anneau ; mais sans trou, l’or (qui existerait néanmoins) ne serait pas anneau non plus.… Le trou est un néant qui ne subsiste (en tant que présence d’une absence) que grâce à l’or qui l’entoure »1. Et qu’en est-il de l’extérieur de l’anneau ou si l’anneau se brise ?

Tout comme Adam ne s’achève en homme qu’évidé de sa côte de laquelle Ève s’épanouit, la forme contournée s’ouvre à la soif de cet autre à laquelle elle donne vie par l’empreinte en plein de son vide, de la blessure qui l’altère. Premiers pas de l’écart dont l’écho plus cruel s’entend des androgynes fils du soleil, de la terre ou de la lune, qui au Banquet s’invitent dans la ronde bouche d’Aristophane qui nous raconte comment les dieux, jaloux de leur superbe suffisance, brisèrent leur arrogante et parfaite circularité, miroir de leurs parents, condamnant ainsi leurs courses altières à se muer en la quête haletante et mélancolique de la part perdue.

Aux récits des conteurs vagabonds chacun puise à la fontaine des paroles et invente une histoire à sa façon, niche affectueuse d’un fragment de la fable qui s’éveillera à l’écho d’un accord, à la croisée d’une autre.

S’évidant s’anime l’amorphe indistinct, le monde déroule et dévide la ronde des pleins aux vides et des vides aux pleins, se déploie dans l’écart et la tension du désir par où de l’un naît l’autre.

  1. Alexandre Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, p. 487

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©[2018] Hubert Joubert de la Motte

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